Les découvertes en neurosciences, notamment au travers de Stanislas Dehaene, psychologue cognitif et neuroscientifique, sont une révolution dans la compréhension du bon développement de l’enfant. Il est aujourd’hui prouvé que les liens affectifs ont un impact à la fois sur les capacités relationnelles, de mémoire, d’apprentissage et de réflexion.
Lorsqu’un enfant est régulièrement stressé par des paroles ou actes humiliants (punition, mise au coin, privation, fessées), il sécrète des molécules qui détruisent ses neurones dans des structures cérébrales particulièrement importantes pour la maturation de son cerveau et entraîne un déficit de mémoire, d’attention, et de prise de décision. Pour la pédiatre Catherine Gueguen, ces situations peuvent parfois engendrer à l’âge adulte anxiété, dépression ou au contraire des comportements violents.
Ces découvertes sur la plasticité cérébrale nous mettent dès lors, au défi de repenser un autre type d’éducation, basé sur la coopération, à la maison mais aussi à l’école.
C’est le pari que mènent la Fondation Espérance banlieues, l’école du Colibri (Drôme) ou Céline Alvarez, dans son expérience en classe maternelle, à Gennevilliers, au croisement entre pédagogie Montessori et recherches en neurosciences ou l'école des Petits Plus. « En année 2, 90% des enfants sont entrés dans la lecture, leur sens social continue de s’affiner : ils s’entraident et collaborent davantage.[1]»
L’éducation est un pouvoir. Un pouvoir essentiel pour construire la société de demain, aujourd’hui malmenée par un mal-être sociétal où la logique d’adaptabilité à une société normée, en croissance et productive est devenue pratique courante. Si courante que la productivité remplacera peut-être un jour l’humanité à en constater les pratiques managériales de certains groupes où il faut désormais envoyer un email pour assouvir des besoins naturels.
L’école peut et doit aller plus loin dans son rôle d'éducation à la pensée et à la citoyenneté pour promouvoir l’intelligence de la coopération et lutter contre les logiques d’entre-soi. Car l’enjeu est de taille : c’est à l’école que se construit la société de demain.
Et les régimes totalitaires l’avaient bien compris en façonnant l’école pour asseoir leur pouvoir, imposant leur histoire, leurs valeurs, mais surtout en forgeant les esprits plus insidieusement : accroissement du sentiment de peur et interdiction de la compassion.
Les récents évènements empreints de violence en France et le débat qu’ils sous-tendent nous exhortent à nous questionner ou à nous réadapter face à la société à venir. Nous pouvons de facto faire comme s’il ne s’agissait pas de notre combat mais de celui de l’intolérance. Ou décider de faire notre part et d’armer nos enfants d’empathie.
Tel que le décrivait Maria Montessori « La responsabilité d’éviter les conflits incombe aux hommes politiques ; celle d’établir une paix durable, aux éducateurs. »
A la maison, en étant des exemples pour nos enfants. Mais aussi à l’école, où il est nécessaire de renouer avec la beauté, la générosité et la liberté de penser. « Au risque, sinon, de devoir nous demander à l'instar de Pierre Rhabi, non seulement quelle terre nous allons laisser à nos enfants, mais aussi "quels enfants nous allons laisser à cette terre"... [2]»
C’est en tout cas l’ambition de Luko : promouvoir des modèles hybrides, basés sur une mixité sociale, s’associer avec toutes les initiatives déjà existantes allant dans ce sens, et construire, avec les parents et les enfants, ce qui fera de demain un monde porté par des esprits encore plus libres et citoyens.
[1] https://lamaternelledesenfants.wordpress.com/les-resultats/
[2] Anne Frémaux, agrégée de philosophie
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