La deuxième valeur du manifeste de Luko, c’est ce que nous avons nommé « l’éthique naturelle ». Là aussi, cela demande quelques clarifications.
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Les termes employés tout d’abord. L’éthique, selon CNRTL, est définie comme la « science qui traite des principes régulateurs de l'action et de la conduite morale ». Ainsi il s’agit de l’ensemble des préceptes que l’on choisit de donner à notre action, sur la base d’une réflexion logique et rigoureuse. Une éthique se construit collectivement et ne découle pas spontanément de principes intuitifs de bien et de mal. Par suite, l’éducation, en tant qu’elle éduque l’enfant à faire usage de sa raison et à se conduire en société, lui transmet une certaine éthique. C’est pourquoi nous trouvons nécessaire, pour Luko, de poser des principes à l’éthique que nous souhaitons transmettre et voir transmise dans les lieux éducatifs que nous accompagnons, aux modes de vie et d’action que nous souhaitons voir se développer chez la nouvelle génération.
Pour précision, nous n’entendons pas ici « naturelle » comme « innée » ou « spontanée » pour qualifier l’élaboration d’une telle éthique : au contraire, toute construction d’une éthique nécessite un long travail d’analyse et d’intelligences. Mais viser une « éthique naturelle » signifie pour nous viser une éthique de la spontanéité d’une part (connexion à sa nature, intérieure), et du rapport à l’environnement et au vivant d’autre part (connexion à la nature extérieure).
Et si nous pensons qu’il y a un véritable travail à mener dans ce sens, et une recherche pédagogique à conduire, pour constituer une éthique naturelle, c’est que celle-ci doit être formée pour palier à des problèmes profonds de la société actuelle. Il nous paraît en effet urgent d’apprendre à changer nos comportements face à l’urgence climatique et les menaces d’effondrement (de l’économie, de la biodiversité, etc.) qui pèsent sur notre génération et les suivantes : il faut réapprendre à vivre, à moins consommer, à être résilients. Si cela passe par un nouveau rapport à soi-même et ses besoins, cela nécessite également une reconsidération de nos principes moraux : penser une éthique naturelle, c’est critiquer l’immoralité de l’exploitation industrielle de la nature et du vivant par exemple.
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Nous pensons donc qu’il est fondamental que l’éducation forme les enfants à penser leur action (construire une éthique) qui aille dans le sens d’un nouveau rapport à la nature et au vivant. Nous soutenons les initiatives pédagogiques qui éduquent l’intelligence émotionnelle de l’enfant pour une empathie élargie à tous les êtres vivants. Transmettre aux apprenants une éthique naturelle, c’est leur apprendre à se penser comme partie intégrante de l’écosystème où ils évoluent : comprendre et sentir que l’humain, au même niveau que le reste du vivant, est dépendant de celui-ci et interagit de manière réciproque avec son environnement. Enfin, l’éducation à l’éthique naturelle doit s’assurer que les enfants apprennent à se connecter à leurs besoins réels (et non induits par les injonctions à consommer), car ceux-ci guident un rapport sain et équilibré à soi, aux autres, à l’environnement.
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Pour construire une pédagogie qui aille dans le sens de tels comportements, nous nous appuyons sur les travaux de Steiner ou de Reggio Emilia, qui, quoique différemment, invitent à accompagner l’enfant en lien avec l’environnement dans lequel il évolue. De même, les principes de vie développés par les Colibris invitent à repenser nos rapports à la nature. Quant au développement de l’intelligence émotionnelle et de l’empathie, nous travaillons également avec des supports et outils pensés par Scholavie[1] ou le programme Semailles de l’empathie[2]. Ce sont là des pistes de réflexion, des terrains d’expérimentation, que nous invitons – toujours en lien avec notre posture en faveur de la recherche éducative – à enrichir, approfondir et poursuivre dans la multiplicité des déclinaisons possibles, dans les divers lieux éducatifs du réseau.
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En pratique enfin, travailler la connexion à soi en classe, dans le sens d’une éthique de la spontanéité, peut prendre la forme du travail de la méditation ou d’exercices de développement cérébral (comme le « brainball[3] » par exemple) ; quant à l’apprentissage d’un nouveau rapport à l’environnement par la pédagogie Reggio Emilia, voici un exemple d’exercice collectif à partir d’objets recyclés trouvés dans la nature. A vous enfin de développer vos propres activités dans cette direction !
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[1] www.scholavie.fr
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