La crise des gilets jaunes bouleverse tout. Elle vient notamment questionner les fondements de notre politique éducative. Tant sur les revendications, que sur la manière de s'exprimer, que sur la violence générée, que sur la place des médias et le choix des mots. Elle vient nous dire chaque jour combien l'utilisation des mots est essentielle. Les mots font le monde, là où la violence le déconstruit.
Bernard Collot, pédagogue français, a récemment écrit un article qui nous interroge profondément, et plus particulièrement la fin de son texte "Tous les enfants de ces écoles nous ont tout appris, nous ont appris ce qu’était la vraie nature humaine."
Comment peut-on penser la "vraie nature humaine" au travers d'exemples si peu représentatifs que sont les écoles alternatives ? Existe-t-il une seule "nature humaine" ? N'est-ce pas réducteur que de définir l'éducation nationale comme un modèle empreint de sanction et de compétition ?
Comment penser demain une éducation à l'échelle de la France, qui accompagne les parents et les enfants vers une logique de coopération et d'esprit critique toujours plus développé ?
Car là est le vrai enjeu : non pas de faire l'apologie des écoles alternatives qui ne touchent qu'un nombre restreint d'enfants, avec des parents qui (la plupart du temps) porte déjà un certain nombre de valeurs éducatives "bienveillantes". Non pas encore une fois d'opposer les mondes. Mais plutôt d'aider à promouvoir une éducation à plus grande échelle, une éducation qui valorise, qui s'entraide, qui comprend les réalités sociales et économiques, qui milite pour un projet de société, pacifiquement.
Sortir de l'entre-soi de l'éducation positive et bienveillante pour regarder la réalité en face.
Car là est le vrai projet : entendre ce que nous dit cette crise. Entendre tant les fragilités sociales que les conséquences économiques que ce mouvement est en train de créer. Entendre que certains n'ont pas suffisamment de mots pour proposer des solutions. Entendre qu'il est plus facile d'opposer les mondes quand on est dépassé par une situation. Entendre que nous vivons aujourd'hui l'échec de 40 ans de politique éducative. Entendre.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Dans ce contexte de crise, quelle école mettre en place pour demain ?
Comments