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Une année difficile peut en éclairer une autre

Photo du rédacteur: Entrepreneur éducatifEntrepreneur éducatif

Après minuit, commencera une nouvelle année. Celle de tous les possibles. Peut-être une de celles où vous vous lancerez, créerez votre entreprise, changerez de métier.


Pour moi, la fin de cette année 2018 marque un tournant dans l'histoire d'une grande aventure entrepreneuriale. En France, la culture de l'échec et des difficultés est souvent masquée par l'étalage de ceux qui réussissent.

Pourtant, ce sont ces difficultés qui nous ont fait grandir, qui m'ont fait changer de regard sur l'être humain et sur la nécessité d'inventer un autre système. Sans ces difficultés qui explosent parfois au visage, nous ne nous connaissons que partiellement. Sans difficultés, nous apprenons la culture de l'esquive.

Je la vois souvent auprès des enfants que je croise : à la première difficulté, certains enfants lèvent les yeux et s'emparent de toute stratégie de sortie possible pour ne pas avoir à faire face à ce qui paraît (pour le moment) insurmontable.


Cette année, nous avons appris, au sein de notre aventure collective et entrepreneuriale, que l'ouverture vers le "dialogue pédagogique" n'allait pas de soi et que prôner une école qui cherche, qui tente de trouver un modèle différent pose littéralement problème.

Très récemment, un directeur d'école Montessori eut cette phrase fabuleuse à notre égard « Montessori, c’est une religion. Et le christianisme n’a rien à voir avec l’islam ou le judaïsme. Pour les pédagogies, c’est la même chose, on ne peut pas les faire co-exister.» Il a tenté pendant une heure de me convaincre que "sa pédagogie" n'était que la seule voie possible. Puis, face à mon silence, a fini par confesser "j'ai bien conscience que je suis un peu rude. Mais c'est déjà tellement difficile pour moi de diriger une école Montessori. Je n'imagine même pas la difficulté de devoir diriger une école qui s'inspire de plusieurs pédagogies."

La difficulté donc. La difficulté de sortir du cadre, de remettre en question. La difficulté de devoir penser un autre projet d'école, un autre projet de société.


Cette difficulté, nous l'avons expérimentée toute l'année dernière, face à quelques voix qui ont préféré crier virtuellement plutôt que dialoguer, accuser plutôt que proposer, en revenir au Livre, aux références plutôt que de penser un autre possible. Nous avons notre part de responsabilité dans cette histoire collective.


Ce fut dur. Bouleversant.


Mais nous avons appris. Nous avons appris que pour pouvoir tester un modèle différent, il faut l'initier avec un réseau de convaincus avant de l'étendre à un réseau élargi. Nous avons appris que l'Homme peut avoir des réactions violentes, même dans un environnement "bienveillant". Nous avons appris nos limites, physiques, humaines. Nous nous sommes vus tomber, puis nous relever.

Nous avons appris que cette histoire d'un autre chemin est possible, lumineuse, extraordinaire lorsqu'elle se mène avec des personnes passionnées et avec du recul sur leurs pratiques. Et je leur en suis reconnaissante chaque matin...


Cette année 2018 fut également pour moi la rencontre avec "les gilets jaunes", avec cette grande souffrance et solitude que vit une majorité de français. Ce fut pour moi une rencontre avec la lecture de commentaires haineux, mal écrits, mal structurés. Une rencontre avec notre langue française piétinée et dont l'incitation à la haine est devenu le flambeau, d'un côté comme de l'autre.

Cette crise m'interroge profondément sur l'éducation, sur l'apprentissage du bonheur, de la résilience. Elle me questionne sur les fondements de cette volonté du "toujours plus" : toujours plus de pouvoir d'achat, toujours plus de consommation là où certains penseurs font l'éloge de la sobriété.

Cette crise me bouleverse car elle ne fait que mettre en exergue ce que le monde de l'économie sociale et solidaire peine à s'avouer : l'éloge de la sobriété, d'une éducation différente, d'une ouverture vers un monde plus juste ne convainc que ceux qui le pratiquent déjà. Une minorité de personnes.


C'est donc le défi majeur (pour moi) que 2019 et toutes les autres années qui suivront, aura à affronter : travailler avec la majorité pour penser un autre possible. Apprendre dès le départ à nos enfants à développer une mentalité de développement plutôt qu'une mentalité fixe, travailler avec les parents pour qu'ils trouvent leur réponse éducative parmi la multiplicité d'options possibles, sortir de l'individualisme, développer l'esprit critique des enfants pour apprendre à lutter contre la désinformation et la culture propagandiste, apprendre à nos enfants que déverser sa haine sur un réseau social n'a jamais fait avancer le monde et qu'il est plus que jamais urgent de faire sa part.


Et cela ne pourra se faire qu'avec vous, communauté d'enseignants du public, du privé, fondateurs de crèches, animateurs de centres sociaux, chercheurs, parents, entrepreneurs éducatifs.


Belle année 2019...Que 2019 soit un chemin majoritairement lumineux.


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